samedi 22 décembre 2012

Lettre ouverte à Yann Galut



Yann Galut
Député socialiste Assemblée Nationale
Monsieur le Député

Votre initiative législative est la bienvenue

I
1.     Les écosystèmes humains ne peuvent être socialement stabilisés, tant que les états ne maitrisent pas les différentes addictions, alcool, tabac, drogues, et …. argent. L’addiction à l’argent, débridée par le néo-libéralisme financier a atteint un niveau  sans précédent.
(Comme celui des inégalités. Les pauvres sont de plus en plus nombreux et encore plus pauvres)

2.     Cette addiction à l’argent est concentrée, comme l’analyse le prix nobel d’économie, Stiglitz à moins de 0,1% de la population, dans tous les pays, en France, comme en Chine.

3.     La théorie des ultra-libéraux suivant laquelle la grande richesse entraine toute la société vers le haut a perdu toute crédibilité. L’exode fiscal  d’une partie des ultrariches s’ajoute au discrédit d’une société de loisirs dont Adam Smith, Tocqueville, Karl Marx et George Simmel prévoyaient déjà les effets pervers de la société bourgeoise qui se construisait sur l’industrialisation ouest européenne, et nord américaine au dix neuvième siècle.

4.     La pauvreté, l’exclusion qui accablent plus de huit millions cinq cent mille de nos concitoyens et de nos concitoyennes touchent leur dignité. Les médias soulignent les talents exceptionnels des dirigeants des grandes entreprises, pour expliquer des salaires pouvant atteindre des centaines de fois le SMIC. Un nouveau concept la carrière bloquée au SMIC traduit la modernité sociale.

5.     La collusion de l’oligarchie et des ultrariches caractéristique du gouvernement précédent (2007-2012), le discrédit des médias et des politiques nationaux, l’inconsistance onusienne, viennent renforcer le repliement de cette majorité de la population qui a bien besoin d’initiative législative comme la votre.

II

Toutes ces considérations amènent non seulement à approuver votre initiative législative, mais à souhaiter qu’elle soit soutenue par une mobilisation populaire.
Une pétition nationale, une mobilisation populaire par les sections du parti socialiste donnerait une signification nationale de la nécessaire solidarité sociétale.

Une telle mobilisation recréerait la dignité individuelle, elle éviterait la médiocrité d’un débat politique où les ultrariches, et certains de leurs représentants politiques UMP, RUMP et autres vont essayer un blocage médiatique « retenir les riches qui fuient le pays un pays injuste à leur égard etc. ». Sanctionner les jeunes talents qui vont créer leur entreprise à l’étranger, qu’ils ne peuvent créer en France, à cause des taxes, des impôts excessifs etc.

III

Le modèle américain (depuis 1929) d’ajuster les impôts de tout ressortissant américain au niveau de ce qu’il devrait verser aux USA, en complétant la part des impôts verses dans un pays étranger est apparemment très simple. L’association nationalité – participation à la solidarité l’est également : la référence à ce modèle est très utile pour montrer que même au pays fondateur du libéralisme économique la solidarité financière peut répondre à une clique nationale.

Les difficultés au transfert en France du modèle américain où l’écosystème français sont
1.     le caractère définitif de la nationalité française inscrit dans la constitution française inscrit dans la constitution française ferait apparaître la perte de la nationalité, comme une double peine à la sanction de fraude et/ou d’évasion fiscales.
La suspension du passeport et de la carte d’identité nationale associées à une situation irrégulière vis à vis de l’administration fiscale devrait être suffisante. Elle rendrait obligatoire la régularisation fiscale de tout ressortissant français qui voudrait (entrée ou sortie) conserver une accessibilité au territoire français, et à tous les avantages qui y sont associés (scolarité quasi gratuite de ses enfants, sécurité sociale, etc.).
2.     la précision des statuts fiscaux sera déterminante. Ceux-ci ne peuvent pas être les mêmes, entre :
a.     un artiste, francophone, dont l’essentiel des ressources provient de ses prestations en France, bénéficiant souvent du financement indirect du budget de l’état.
b.     Un boulanger qui va promouvoir à New York, le pain de qualité que l’on ne trouve pas dans tous les pays, mais que les touristes étrangers ont apprécié en France.
c.      Un jeune ingénieur qui profitera dans sa filière, de conditions particulières d’innovation, de création d’entreprise, qu’il n’avait pas trouvées en France. Ou tout simplement, parce qu’à la suite d’études internationales des opportunités se sont offertes à lui. La solidarité nationale, fondamentale pour une mondialisation plus humaine.
d.     Un salarié d’un grand groupe international, qui fera des séjours à durée déterminée dans un pays étranger. On connaît les cas de bi appartenance psychologique à deux territoires.
Combien de cadres ne garderaient-ils pas une résidence sédentaire dans un pays où ils n’ont travaillé que quelques années.
e.     Des retraités venant vivre dans des pays plus favorables économiquement leur consommation tient lieu de contribution locale, et leurs impôts doivent être prélevés en France.
La précarisation des statuts fiscaux condition de la clarté du débat facilitera l’adoption législative d’un texte efficace.

IV

L’inégalité que les pays européens entretiennent en matière fiscale est un des facteurs d’affaiblissement économique de l’Europe et une cause du désintérêt populaire pour l’actuelle Union Européenne.
Dans le domaine fiscal, le comportement de certains états, relève de conceptions voire de systèmes mercantilistes. Le mercantilisme se traduisait au XVIème et XVIIème siècle par un double phénomène :
L’accumulation financière pour l’oligarchie au pouvoir, pour financer ses plaisirs, et ses armées
Cette accumulation financière pouvait résulter de l’exploitation minière des pays colonisés (or, argent ou de la vente de produits sans échanges réciproques). La guerre de l’opium menée par l’Angleterre est une tragédie mercantiliste pour le peuple chinois.

Le libéralisme fondamental a supprimé ce repli protectionniste des économies et favorise des échanges de produits.
Actuellement les pays qui travestissent le libéralisme auquel ils se référencent ont un comportement mercantiliste, ne serait ce que par l’accumulation financière sont les paradis fiscaux.
Aux yeux de certains mouvements politiques
Les isles anglo-normande
Le Luxembourg
Le Liechstentein
Malte
Monaco
Seraient (conditionnel) des paradis fiscaux.

L’Allemagne (comme la Chine) accumulant les ressources financières par des échanges complètement déséquilibres avec les autres pays européens pourrait (conditionnel) être caractérisée comme mercantiliste.

V

Ce qui est certain, c’est que l’initiative législative et la modélisation populaire d’ajuster le statut fiscal des ressortissants français vivant et/ou travaillant à l’étranger doit être accompagnée d’une mobilisation européenne pour harmoniser les statuts fiscaux européens, et éviter la perte de plusieurs milliards d’euros au détriment du peuple français. L’illusion suivant laquelle l’harmonisation européenne des impôts amènerait une baisse de ceux-ci en France sera ajustée par l’harmonisation des systèmes de protection sociale.

Donc 3 axes :
-       Axe législatif
-       Une mobilisation populaire
-       Une mobilisation européenne

LIBERTE EGALITE FRATERNITE et donc SOLIDARITE

Veuillez agréer l’expression de mes remerciements pour l’action législative que vous avez entreprise.

Jacques Vigneron


Lettre à Jean-Louis Borloo



Monsieur Jean-Louis Borloo
Président de l’UDI
Assemblée Nationale


Paris, le 17 décembre 2012

Monsieur le Président,

L’Union Européenne a enrichi les droits et les devoirs de ses citoyens et citoyennes en instaurant le droit de vote pour tous les résidents communautaires aux élections locales des mairies. Cette extension n’a été possible qu’en instaurant pour tous les pays européens concernés la réciprocité.

Demeure, pour plusieurs pays, l’injustice pour les habitants non communautaires mais répondant aux mêmes critères d’intégration dans la vie locale. Leur accorder un droit de vote identique réduirait cette inégalité structurelle.

Néanmoins, une partie importante de l’opinion est opposée à cette extension du droit à des habitants qui assument les mêmes contraintes que les citoyens et les citoyennes d’origine communautaire. Potentiellement, une telle différenciation renforce le racisme anti-musulman et anti-noir puisque la majorité des pays exclus sont méditerranéens, maghrébins et africains.

Face à une opinion bloquée par ce qu’elle ressent, le rôle des politiques est de faire évoluer celle-ci. La peine de mort a été abolie grâce au courage des députés qui ont osé faire face à une opinion dont les sondages exprimaient une opposition de plus de 60 %.

Jacques Chirac a voté l’abolition de la peine de mort contre la majorité de son camp. Peut-on espérer que 40 députés du centre droit aient l’opportunité de s’associer à l’actuelle majorité parlementaire pour régler une fois pour toutes ce problème en tenant compte que l’ouverture de ce droit nouveau implique un nouveau devoir : dans un pays où l’abstention traduit le désespoir de nombre de ses électeurs et électrices, l’appoint de forces vives serait positif.

A défaut de cet engagement, la proposition à l’ONU de la France et, éventuellement, de l’Union européenne d’ajouter à la déclaration des droits et des devoirs des êtres humains ce nouveau droit et ce nouveau devoir de participer aux élections des conseils municipaux répondraient à ce besoin de réduire les inégalités. Que l’on pense aux enfants nés en France, qui acquerront probablement la nationalité française à 18 ans et qui verront leurs parents sans aucun droit démocratique en France.

On pourrait même imaginer que le parlement français accorde ce droit de vote et de participation à la vie locale à tout ressortissant d’un pays accordant le même droit aux ressortissants français remplissant les mêmes conditions dans ce pays. Un nouveau chapitre à ouvrir avec l’Algerie où trois cent mille français vivent et travaillent.

Une partie de l’opinion française, hostile parce que sensible aux inégalités internationales auxquelles la France a pu être soumise, notamment dans les échanges commerciaux inégaux, modifierait sa position. La réciprocité explique que la mesure appliquée en Europe n’a pas posé de problème. La réciprocité peut jouer un rôle identique au niveau international.

Il appartient au centre droit démocratique que vous représentez d’innover ; un problème où vos traditions démocratiques peuvent symboliser d’autres perspectives d’unité nationale que le conflit potentiel prôné par une droite tristement décomplexée.

Veuillez agréer, Monsieur le Président,l’expression de mes sentiments respectueux.


Jacques Vigneron


PS : Il semble que les services du ministère des Affaires étrangères étudient cette extension des droits de l’homme au niveau de l’ONU. Pour mémoire, un des rares résultats de Rio 2012 est l’extension de la reconnaissance des droits de l’homme.

lundi 19 novembre 2012

Le développement soutenable face à l’héritage des trente glorieuses et des trente pleureuses


      A l’occasion d’un enseignement de travaux dirigés à deux promotions de cinquième année de master associant Développement Durable, Ecologie ou  Ressources Naturelles, la question m’a été posée « Comment définir en 2012 un développement soutenable au 21ième siècle ».
Problématique située d’emblée automatiquement au niveau d’une GEOPOLITIQUE du développement soutenable.

Un double constat avant de définir une TRAME adaptée au développement soutenable.
1.     Le développement soutenable, apparu en 1987 comme une utopie onusienne est positionné différemment à tous les niveaux collectifs. Chargé d’assurer le bien être des êtres humains, en tant qu’individus avec une priorité , de prendre en charge les besoins essentiels des plus démunis, la réalité du développement soutenable est décroissante au fur et à mesure que l’on s’élève dans la hiérarchie institutionnelle. Aucune comparaison possible entre la qualité de nombreux agendas 21 des collectivités et le bla-bla commissionel des gouvernements, et de l’international. Un des mérites incontestables de Rio 2012 aura été d’apprendre aux jeunes générations ce que Münich veut dire ( le Münich de 1938 ! où Hitler « roula dans la farine » le premier ministre britannique et le président du conseil français, trahissant la République Tchécoslovaque, sans  diminuer pour autant le risque de la seconde guerre mondiale (Septembre 1939).
2.     La grande majorité des pays, en récession, et/ou en croissance (comme les grands pays de la BRICS) sont caractérisés par un accroissement des inégalités, plus de pauvres encore plus pauvres. Ce critère, le contraire du troisième alinéa de  la définition du développement soutenable caractérise malheureusement l’échec du développement soutenable dans les pays qui accusent ces résultats d’accroissement des inégalités.
Trois remarques à propos de ce deuxième constat :
              FAUX, vous dira-t-on. Même dans les pays à croissance nulle ou dérisoire le rapport de richesse sur pauvreté reste constant. Exact, mais l’augmentation de la richesse est concentrée sur les ultra-riches (de 1/10000 à 10/1000 de la population). Les classes moyennes sont-elles mêmes affectées par la diminution de leur pouvoir d’achat.
              Le rejet des modèles et des régimes qui accroissent les inégalités ne crée pas  et c’est là le problème, des modèles de développement soutenable. A système humain, donc complexe et inadapté, la solution d’une autre complexité satisfaisante en terme de développement soutenable ne saurait être trouvée par l’établissement d’une théorie globale. L’Histoire, l’échec des théories libérales, marxistes, sociale-démocrates, voire keynésiennes nous rappelle que l’évolution des écosystèmes allant parfois jusqu'à des restructurations résulte de processus stabilisateurs, compensant des instabilités et des restructurations successives des systèmes.
Que l’on se rappelle la boutade des économistes, publiée il y a 20 ans par une grande maison d’édition parisienne : En physique pour avoir un prix Nobel. Il faut avoir découvert une nouvelle particule, en Economie, avoir imaginé et fait tourner un grand modèle qui ne marche pas.
3.     L’histoire récente nous montre l’échec des antidotes.
                  Dé-mondialisation face à une mondialisation cruelle pour la partie la plus pauvre de l’humanité.
                  Décroissance face au concept périmé de croissance (Quelle croissance faudrait-il atteindre pour réintégrer 4,5 millions de chômeurs, 8,4 millions, en dessous du seuil de pauvreté) pendant combien d’années 10, 15% pendant 20 ans 30 ans ?
Et des concepts anciens
              Protectionnisme, au lieu d’échanges commerciaux équitables où un produit traduit des échanges raisonnables, d’heure de travail pour sa production, sa commercialisation.

I l’Héritage du passé
II Examen des différents DEVELOPPEMENTS SOUTENABLES, actuellement revendiques aux différents niveaux (suivant les hiérarchies institutionnelles) et aux différentes localisations.
III Les facteurs limitants ou/et pervers identifies dans les différentes voies actuelles de développement soutenable. Le pilier manquant des développements soutenables.
IV Les principes, susceptibles de caractériser des voies de développement soutenable du bien être traditionnel, et de la stabilité collective.
V Les processus d’évolution possibles, ou souhaitables pour sortir du système de crise à répétition (sous formes de questions) dans lequel le « social » est sacrifié (cf la crise de 2008) où les états ont sauvé les banques privées de la faillite.

I l’Héritage du passé

    Le développement soutenable concerne le présent, les futurs proches (par exemple 2015 – 2025 -, et plus lointains 2050).
Le présent est la médiation entre le passé et le futur. L’Orient a apporté à l’Europe cette vision. Les traditions sont les apports du passé qui méritent d’être transmis pour construire le futur à l’inverse des formules obsolètes que les conservateurs veulent maintenir donc transmettre celles-ci sous le nom de traditions. Rien à voir avec le conservatisme qui bloque l’évolution. L’émancipation des femmes effaçant les tabous et les pratiques qui infériorisaient celles-ci est l’exemple de ces  blocages maintenus, au nom de traditions morales.
Le proche passé, depuis 1945 se décompose en trois périodes 1945 - 1975 [1]. Les trente glorieuses, la reconstruction de la France et de l’Europe. Durant cette période les PDG des grands groupes , mais aussi des PMI et des PME se contentait de salaires décents. Ce qui ne les empêchaient pas d’être efficaces. Dans cette période, les classes moyennes se renforcent, les classes populaires voient une amélioration de leur niveau de vie même si celle-ci sert les intérêts du capitalisme (cf le fameux débat avec Maurice Thorez sur la paupérisation absolue ou relative de la classe ouvrière). La construction du modèle français en 1945 (probablement unique au monde) de protection sociale date de cette époque. Il est issu du programme du C.N.R (comité national de la résistance) dans la prolongation des acquis sociaux du Font Populaire (1936).
Parmi les acquis négatifs de cette période l’industrialisation de la filière alimentaire est mise au service (positif) de l’autosuffisance alimentaire de l’Europe de l’Ouest. Du jamais vu dans l’histoire de l’Europe de l’Ouest. La garantie qu’il n’y aurait plus de famines. Le succès de la Politique Agricole Commune a été telle que les excédents ont posé des problèmes au niveau du stockage. Industrialisation qui enserre l’exploitation agricole (un nouveau statut dans une chaine, où il fait vivre en amont deux emplois (engrais et produits phytosanitaires) et industrie mécanique et en aval deux/trois emplois dans le transformation et la distribution. Le nombre d’agriculteurs et leur revenu vont décroitre régulièrement. Nombre de petits agriculteurs (20, 30 ha) atteignent péniblement le SMIC, et partent en retraite, leurs terrains couvrant leurs emprunts. Ils ont travaillé également pour les banques. Seules les grandes exploitations, notamment céréalières de la Beauce ont profité réellement des subventions de la PAC. Chaque année le Prince Charles et la reine d’Angleterre ont reçu de l’Europe plusieurs millions d’euros confirmant le dicton on ne donne qu’aux riches.
40 ans après les trente glorieuses, les cancers, dus notamment aux épandages des pesticides et d’autres pratiques dangereuses sont arrivés à maturité. On ne savait pas, il n’y  avait pas de principe de précaution associé à la constitution. Maintenant, on sait, mais on assiste à un déni de la part des industries concernées. Dérision, les accords de Grenelle promettaient de réduire de moitié l’usage des pesticides. Pensait-on réduire de moitié les cancers. La linéarité ne joue jamais dans les phénomènes biologiques. Pire, on a découvert dans certains cas que contrairement à ce que pensait PARACELSE[2] (C’est la dose qui fait le poison) que de petites doses peuvent être paradoxalement plus dangereuses, comme si de fortes doses bloquaient les processus cancérigènes.
Autre acquis des trente glorieuses, beaucoup de destructions de paysages[3], le mitage « urbain » avec un habitat de mauvaise qualité, et d’effarante inefficacité énergétique ! (alors que les centrales électriques peuvent rejeter 50% de l’énergie consommée sous forme de chaleur (microclimats))
Pollutions atmosphériques et pollution des milieux aquatiques, rivières, mers, nappes phréatiques, eutrophisations et dystrophisations  des lacs, et des milieux marins (exemple la Bretagne), pollutions des sols.
Extension remarquable du réseau autoroutier avec l’incroyable doublement des routes à quatre voies, par des autoroutes payantes parallèles; contrairement aux traditions républicaines qui avaient supprimé les bureaux d’octroi à l’entrée des villes. On se rappelle la candeur d’un ministre de l’Equipement découvrant ce processus à la limite de la légalité parce que s’apparentant à de la corruption de fonctionnaires ! Les ingénieurs du corps des Ponts touchaient des compléments de salaire sur la collecte des péages.
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  Pendant les trente glorieuses, la décolonisation ne modifia pas radicalement l’exploitation des ressources minières au profit des grands groupes industriels, sous contrôle des anciens pays colonisateurs. A de rares exceptions, la situation des peuples décolonisés ne s’améliorait pas voire empirait. Les chefs insurrectionnels s’étaient transformés en  dictateurs facilement corruptibles et rapidement corrompus. L’histoire de la France Afrique illustre les pratiques qui ne sont maintenues grâce à des répressions militaires sanglantes (Cameroun, etc.) avec l’appui d’experts militaires français.

    La deuxième période commence en 1973 après la première crise pétrolière. Les produits pétroliers ont été réévalués après la guerre du Kipour. En fait un inventaire onusien des réserves énergétiques mondiales en 1974, incluant le gaz de schiste, et les schistes bitumineux prévoyant six siècles de réserves énergétiques en sous sol au niveau de la consommation de 1974, jamais l’humanité n’avait eu de telles perspectives. La crise énergétique évoluait vers une crise, du CHOIX des investissements énergétiques. En France, les modestes tentatives de promotion des Énergies Renouvelables (Création à Paris VII Jussieu d’un D.E.A, lancement de thèses en énergie solaire thermique), Ecole Européenne d’Été d’Environnement, session à Carpèse en 1974 (PMI comme Aerowatt) etc… ne changèrent rien à la première transition énergétique celle qui après un débat conflictuel en France assurera la promotion du NUCLEAIRE CIVIL. Kastler, prix Nobel de Physique avait réuni 500 000 protestataires dans le Parc de Sceaux contre le nucléaire militaire. Madonna ne fera pas mieux. Le conflit, animé par les anti-nucléaires sera arbitré par le parlement. Le gouvernement Messmer (un ancien et prestigieux général de la deuxième guerre mondiale) et EDF auront les mains libres.
La première centrale FESSENHEIM sera inaugurée en 1997. EDF imposera un modèle de développement des centrales nucléaires tellement important, qu’il a pu craindre un moment de produire TROP D’ÉLECTRICITÉ (d’autant qu’il était impossible d’arrêter la production hydroélectrique des grands barrages construits pendant les trente glorieuses). A cette époque, on pouvait schématiser la publicité EDF sous le SLOGAN : SOYEZ UN BON FRANÇAIS, consommez plus d’électricité.
De cette période, deux aberrations énergétiques en héritage, le TOUT ELECTRIQUE qui justifiait les mauvaises constructions à bas coût (isolément insuffisant, faible investissement de chauffage par résistances électriques) et la NON UTILISATION de la chaleur (plus de 50% de l’énergie mise en jeu) par les centrales électriques[4].

II Les 25 – 30 pleureuses : l’émergence du développement soutenable et la crise de 2008

  Les classes moyennes s’étaient enrichies et avaient pu investir. Le président de la République imaginait son second mandat « si on offrait deux millions de résidences secondaires ». Sa présidence marquait une transition. Sur la lancée des trente glorieuses et du bilan sociétal de Mai 1968, des avancées pour le bien être des individus étaient mises en place. La maturité nouvelle des jeunes était actée par une majorité avancée à 18 ans (Le droit des femmes étendu à leur libre choix de leurs maternités avec la législation de l’avortement due au courage de Simone Weil).
Les trente pleureuses vont correspondre à un tournant économique : en 1981, le chômage concerne en France deux millions de salariés. Les salaires sont bloqués en 1983. Les familles ne peuvent plus emprunter. Pour maintenir la consommation l’Etat emprunte. 1981-1983, les augmentations de salaires durant cette période serviront à acheter des équipements d’informatique et d’électronique importés. La relance de la croissance par la relance de la consommation n’était pas possible puisque les industries françaises ne répondaient pas à la demande. Les trente pleureuses vont être caractérisées par le blocage des salaires (sauf pour les dirigeants). Pour maintenir la croissance l’état va continuer à emprunter. La dette de l’état sera stabilisée pendant dix huit mois sous le gouvernement Jospin qui a profité d’une brève période de retour à la croissance, en Europe. Malheureusement les systèmes productifs n’ont pas su ou pas pu profiter de cette période pour innover, renouveler et conquérir des marchés au niveau mondial.
Durant les trente pleureuses, un phénomène  important a modifié positivement la vision future de la planète. L’environnement, grâce aux associations écologiques et partis verts est admis au niveau des grandes problématiques mondiales. Les premières agences, les premiers « microstères » de l’environnement ont été créées, à l’occasion de la première conférence onusienne Environnement et Développement tenue en Juin 1972 à Stockholm. L’émergence de l’environnement en Europe ira beaucoup plus loin que la mouvance américaine de 1967. Les premières lois de dépollutions end of pipe seront très vite remplacées par des directives préventives, basées sur des technologies propres. Parallèlement, l’introduction dés 1980, des normes volontaires de la Qualité va modifier profondément le comportement des industriels. Très vite émerge de la théorie suivant laquelle la performance économique dépend ou est accrue par la performance environnementale. 1987 marquera un changement radical. La réconciliation de l’économie et de l’écologie est étendue au social et au sociétal. Le développement soutenable, terminologie apparue dans les écrits en 1980 d’une association prend une triple dimension économique sociale, environnementale. La deuxième conférence onusienne, à Rio, en Juin 1992 consacrera le développement soutenable comme compromis entre le Nord, le Sud (les pays émergents de la BRICS, et les pays non émergents).
Trois faits importants sont passés inaperçus dans l’exploitation médiatique de Rio 1992 et vont constituer de graves facteurs limitants pour la mise en œuvre internationale du développement soutenable.

1.     Une « main invisible », d’une cinquantaine de dirigeants de grands groupes industriels, sur mandat du secrétaire général de l’ONU a préparé des Mars 1990 la conversion de la grande industrie au développement. Le Global compact analysera le développement soutenable comme un moyen d’accroitre les champs du libéralisme financier qui se substituait à cette époque, au libéralisme classique (intégrant l’approche keynésienne).
Pour  ce groupe d’industriels, le développement soutenable permettra de réduire le rôle et les budgets des états, de mieux maitriser les dépenses de la protection sociale, les industriels pensent que le développement soutenable permettra des compromis, des consensus utiles pour l’expansion du libéralisme financier.
Le « piège » si piège et « complot » pouvaient qualifier cette opération a été de concentrer les discussions de RIO sur les grandes problématiques environnementales :
              Les modifications climatiques
              La sixième extinction des espèces animales et végétales
2.     La caractéristique des accords résultant de consensus à la conférence de Rio 1992 est des engagements du type SOFT et SLOW LAW, SOFT POLITICS.

Les engagements sont :
1.     Généraux
2.     Non localisés
3.     Non programmés (seulement associés à une date finale, sans la moindre précision sur les différentes étapes)
4.     Sans financement défini
5.     Sans expertise et sans contrôle indépendants

Ce type de conférences, comme les Grenelle de l’environnement a abouti à des catalogues de l’environnement type la Redoute ou les Trois Suisses d’une très grand nombre de mesures ou/et d’engagements. Comme aux conférences de l’Unesco chaque participant aura satisfaction de trouver dans l’un des deux cents articles, et plus qui ont été adoptés ; néanmoins ces listings impressionnants ne garantissent pas pour autant des incohérences, ou des projets contradictoires. Le consensus global implique que chacun accepte la demande des autres. Tout est possible, quand on se refuse à préciser les financements.
3.     Mais le phénomène le plus important est de faire croire que le développement soutenable peut être mis en œuvre sans modifier les gouvernances actuelles.

POURQUOI le SOCIAL est le PILLIER MANQUANT des conférences nationales consacrées officiellement au développement soutenable.

Nouvel Observateur 15-21 – XI - 2012
La France doit choisir (seuil) (un modèle commercial-industriel à l’allemande)
Par Jean-Louis BEFFA

Dans votre livre, vous insistez pour que l’on se débarrasse d’un système de gouvernance « LIBÉRAL FINANCIER » qui fait la part belle à l’actionnaire.

A cet égard, il est très positif que le gouvernement ait repris l’idée d’introduire au moins deux représentants ->des salariés au conseil d’administration ou de surveillance des entreprises d’une certaine taille. Personnellement, je suis favorable à ce qu’il y en ait quatre dans les entreprises de plus de 5000 employés, comme la suggéré Louis GALLOIS… Car entre les syndicats de l’entreprise, il est crucial qu’il y siège un représentant de la confédération comme c’est le cas en Allemagne.


Face à l’évolution positive de la mondialisation des problématiques environnementales (modifications climatiques, sixième extinction des espèces), la mondialisation économique s’étend à tous les niveaux :
-       Mondialisation des ressources énergétiques et des matières premières minières et alimentaires
-       Financiarisation dominant les états : le pouvoir des marchés privés qui ont prêté aux états l’emporte sur le pouvoir des gouvernements démocratiquement élus.
Cette financiarisation orientée prioritairement vers la spéculation détruira et dépècera  des entreprises en difficulté, à coups de licenciements et de vente des actifs.
Cette financiarisation s’étendra jusqu'à des escroqueries bancaires et des subprimes correspondant à des prêts, à une partie de la population qui perdra simultanément emploi et habitation.
La  crise financière atteindra un niveau semblable à celle de 1929 et obligera les états à recapitaliser les banques défaillantes.
Imbroglio inouï, les peuples paient  par leurs impôts la recapitalisation des banques qui reçoivent à des taux dérisoires l’argent des états, alors que celles-ci prêtent à des taux élevés ou usuraires.
La  conséquence de cet ultralibéralisme financier est la situation catastrophique de l’endettement des états.
Quand ceux-ci avoisinent l’équivalent du PIB, les institutions financières augmentent les taux d’intérêt pour certain pays.
Trois cas de figures :
-       Les pays ont la possibilité comme les U.S.A et l’Angleterre de faire tourner la planche à billets. L’ampleur de la dette peut néanmoins les entrainer dans des politique de stagnation économique.
-       Certain pays européens ont gardé une bonne crédibilité sur leurs capacités de remboursement, et leurs possibilités de réduire ou de limiter les dépenses publiques. Les taux d’intérêt restent limités, voir faibles.
-       La plupart des pays européens du Sud sont soumis à des taux d’intérêts élevés, qui font régresser le SOCIAL.

Dans les trois cas de figures, le SOCIAL est insuffisamment pris en compte, régresse au point de développer à l’instar des crises économique et financière UNE CRISE SOCIALE SANS PRECEDENT.

Partout les pauvres, les exclus deviennent plus nombreux, et encore plus pauvres.

En conclusion, non seulement la période 1992-2012 n’a pas été capable de construire mondialement les trois composantes du développement soutenable, mais celles–ci subissent des crises sans précédent.

C’est dans une situation, négative tous azimuts qu’il faut reposer la question.

·      Peut-on construire un développement soutenable en 2012 ?
·      A quelles conditions.


Jacques Vigneron



FIN DE LA  PREMIERE PARTIE


[1] 1975 – 2008 les trente pleureuses, 2008 – 2012 le déclin semble incontournable.
[2] Au quinzième siècle
[3] en bord de mer notamment (le bétonnage de la Cote d’Azur)
[4] Il faut souligner que le prux du kilowattheure  n’a jamais intégré tout ce que le budget de l’état avait investi en recherche de développement. La majeure partie des emprunts faits par EDF sera en dollars accroissant la dette en fonction de la faiblesse du franc, de la recette EDF

vendredi 9 novembre 2012

Questions a propos de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC)




Un « bruit » médiatique a fait état d’un avertissement du directeur de l’OMC mettant en garde Monsieur Montebourg, ministre du Redressement productif, contre un éventuel protectionnisme. Cette intervention nous semble à plusieurs titres scandaleuses.

1.                      Un haut fonctionnaire, par définition non élu, donc ne jouissant pas d’une indépendance de parole, ne saurait émettre des jugements sur l’action d’un ministre d’un pays sans respecter les procédures internationales dont il relève. Il n’est pas statutairement un potentat qui s’exprime sans référence aux modes de décision de l’organisme qu’il dirige. Son intention résulte-t-elle d‘une décision de l’OMC ? Sinon qu’il se taise ! La même question se pose pour des déclarations semblables des commissaires européens.

2.                      Pour beaucoup de Français, l’OMC est l’organisme qui symbolise :

-       les échanges commerciaux inégaux qui ne respectent plus la valeur du travail. Les produits ne représentent plus des échanges d’heures de travail pour les produire et pour les acheter ;
-       les règles minimales des échanges commerciaux ne sont pas respectées. Qu’a fait l’OMC face au non-respect par la Chine des engagements qu’elle a pris pour être admise à l’OMC ?
-       dernièrement, les médias français ont affirmé que les capteurs solaires photovoltaïques chinois auraient reçu un financement public pour favoriser leur exportation. Cette aide à l’exportation de l’état chinois, si elle est vérifiée, fera-t-elle l’objet d’une enquête officielle de l’OMC ? Les prochains mois nous montreront si, une fois de plus, l’OMC tolère la dissymétrie des relations entre la Chine et les pays européens.

3.                      Les informations suivant lesquelles les inégalités en Chine augmenteraient, « plus de pauvres encore plus pauvres », les accidents du travail, notamment dans les mines de charbon par milliers chaque année, amènent beaucoup de Français à considérer que la croissance en Chine qui profite essentiellement à une classe d’ultra-riches et un peu à une classe moyenne ne mérite aucun statut privilégié au niveau du commerce international. Faute d’assurer des échanges commerciaux équitables et respectant les quatre composantes du développement soutenable :

-       économie – finances
-       social – sociétal
-       environnement et bioculture
-       gouvernance

L’OMC perd sa raison d’être.

Face à la mondialisation des économies libérales, qui privilégient l’addiction à l’argent, nombre de Français aimeraient une réelle traçabilité de la gestion financière de l’OMC. La transparence qui peut résulter de la traçabilité du fonctionnement est la garantie que l’OMC ne couvre pas des conflits d’intérêt et des corruptions qui pourraient (le conditionnel pour respecter la présomption d’innocence) expliquer le statut très particulier du commerce international de certains pays.



Jacques Vigneron

samedi 29 septembre 2012

ECOSYSTEME DURABLE DE LIEBIG face aux SOFT LAW, SOFT POLITICS, CONSENSUS AND CO


Depuis le 6 mai 2012, l’alternance démocratique en France est marquée par un paradoxe : à tous les niveaux la gauche détient le pouvoir, de la présidence de la République à la majorité des mairies des villes de plus de 30 000 habitants. Pourtant elle joue la réconciliation et développe ce que le journal Challenges désigne sous le terme de « SOFT POLITICS ».

    L’émission « C dans l’air » du lundi 31 juillet 2012, s'interrogeait sur les volontés et les capacités présidentielle et gouvernementale de s’attaquer réellement aux problématiques présentes, emploi et équilibre des finances publiques, au delà de cette période d’écoute et de contact.

    Premier effet de la « soft politics » : la multiplication tous azimuths des consultations, des commissions, des conférences a changé le climat politique : le changement annoncé veut s’appuyer sur un changement du comportement de tous les partenaires qui écoutent et se sentent écoutés. Le climat de guerre civile froide (instauré peut être même inconsciemment appréciation au bénéfice du doute par l’ancien président de la république a disparu), ce qui ne veut pas dire une confiance aveugle, de la population à l’égard de la nouvelle majorité politique.

Trois directions sont possibles :

La voie de l’économie de marché ultra libérale, ultra financiarisée, a amplifié la dynamique des bulles instaurée par le capitalisme depuis l’industrialisation de l’Angleterre au dix neuvième siècle. Les «résidus» de ces crises financières et des compromis sociaux, semi-périodiques se traduisaient par un enrichissement des ultra-riches liés à l’oligarchie. Durant la période des trente glorieuses (1945-1975) en Europe, cet enrichissement continu des ultra-riches s’était traduit par une amélioration relative de la situation des classes moyennes, et des classes populaires (période de quasi-plein-emploi). Après les trentes pleureuses où le capitalisme s’est transformé en économie de marché et a maintenu aussi une apparente croissance, par endettement des ménages, puis par endettement des états : Quand l’endettement des états eut atteint ses limites; une des caractéristiques de l’enrichissement considérable des ultra-riches fut l’accroissement simultané des inégalités sociales, et du nombre des victimes de ces inégalités. Plus de pauvres plus pauvres.
    Nombre d’économistes, de tous bords politiques s’étonnent et continuent à s’étonner que la situation des exclus ne se traduise pas par des violences révolutionnaires.
    On peut néanmoins admirer que certains politiciens, commentateurs et/ou théoriciens universitaires continuent à préconiser des dérèglementations systématiques, des diminutions et des exonérations des impôts, des échanges commerciaux inégalitaires, la disparition et/ou la privatisation des services publics, la diminution des salaires et des retraites. A la paupérisation absolue des classes populaires, et à la paupérisation relative des classes moyennes, l’ultra enrichissement corrélé s’applique seulement à une partie des riches. C’est pourquoi le ratio de la richesse et de la pauvreté n’a pas changé! Une partie des classes moyennes a été atteinte par cette régression…

    La social-démocratie à la française a vécu depuis 1983 la contradiction d’accepter une économie de marché qu’elle espérait pouvoir réguler, donc maitriser et maintenir simultanément son idéal de défendre le monde du travail face à celui du capital et face à l’impérialisme nord-américain. La mondialisation, n’ayant même pas respecté les règles minimales qu’elle avait gardées, a montré l’inanité de cette voie.

En témoignent notamment:

·  la situation sociale et économique de l’Europe en 2012
· les luttes de libération économique contre le FMI notamment, de l’Argentine, l’Equateur, de la Bolivie et du Venezuela (réserves!)
· les échanges commerciaux inégaux comme ceux entre l’Europe et la Chine qui semble-t-il ne respecte aucun des engagements qu’elle a signés au moment de son adhésion à l’O.M.C et au B.I.T.
· et plus GLOBALEMENT, la situation internationale s’est concrétisée avec RIO 2012,     par l’éradication partielle des dictatures sanguinaires mais aussi par l’incapacité onusienne à protéger le peuple syrien et à assurer la protection démocratique des minorités dans de nombreux pays, le tout dans un contexte généralisé de catastrophes environnementales et climatiques.

    En 2012, la social démocratie française a le courage de s’identifier en tant que telle, mais ce réalisme, ne lui évitera pas de se positionner face aux problèmes suivants, dont la recherche de solutions à court et moyen terme est sociétalement incontournable (Finie l’illusion suivant laquelle les arrière petits enfants de nos petits enfants connaitront le socialisme!);

1/ la pauvreté profonde : Huit millions de personnes concernées, deux millions de jeunes en dessous du seuil de pauvreté, plusieurs centaines de milliers de jeunes en état de santé déficitaire (enquête    UNICEF 2012) malgré le RMI puis le RSA, on n’évitera pas une solution semblable à celle qui avait été préconisée par De Villepin de créer un revenu minimum de 900 euros nets mensuels pour tout adulte et de 400 euros pour tout mineur.
Coût 20 milliards d’euros supplémentaires par rapport aux coûts des différents systèmes d’assistance et de solidarité existants qui se fondraient dans ce nouveau dispositif. Ces 20 milliards d’euros ne seraient pas placés dans les paradis fiscaux, mais dans la consommation des produits de nécessité. La priorité accordée à la lutte contre la pauvreté s’étend au problème du logement où les premières mesures prises par le gouvernement marquent un tournant. Mais on est encore loin d’un plan de construction correspondant aux millions (quatre ?) de personnes mal logées, ou insécurisées (incendies etc.) ou tout simplement à la recherche d’un logement (les salariés qui sont SDF !).
            Après la deuxième guerre mondiale, un grand plan de construction avait répondu partiellement aux besoins. Pourquoi un plan de construction d’une semblable ampleur n’est-il pas possible avec l’épargne considérable des Français en 2012.


2/ le plein emploi, et/ou la pleine activité qui donne à chacun et à chacune une fonction dans la société ne peut s’obtenir par un retour à la croissance et une ré industrialisation du pays. Quelle croissance, et pendant combien d’années pour réintégrer les 3 millions de chômeurs et les chômeurs à temps partiel.
La seule réponse censée est celle avancée par Michel Rocard: le partage du travail et des activités, notamment en descendant aux 32 heures. Dans le système actuel, au delà de la souffrance imposée au statut de membres de l’ARMEE industrielle de réserve, attendre le retour d’une croissance est une illusion.
L’expérience des 35 heures, montre que cette loi sociétale de partage du temps de travail à l’ensemble est très difficile voire impossible dans une économie libérale de marché, qui encourage l’addiction à l’argent, à son accumulation et à la productivité sélective des individus. Le refus de partager les fruits des productions est le corollaire du refus de partager  les activités et le temps de travail. Bien entendu, les erreurs à ne pas commettre sont :

-le partage des activités, et du temps de travail  résultant d’une loi, uniforme pour tous les secteurs professionnels, et sans négociation avec ceux-ci
- la même durée du temps de travail serait attribuée quel que soit l’âge, le secteur professionnel, l’avancement dans la carrière, la structure d’entreprise.
- les mêmes charges sociales et fiscales pour toutes les heures de travail

Au contraire, du système précédent (2007-2012) les heures supplémentaires doivent être normalement plus chargées que les heures normales. Pour  mémoire le système précédent d’alléger ou de supprimer les charges sociales ont soit crée un effet d’aubaine : augmentation déguisée des salaires soit empêché la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois.

3/ la transition énergétique constituera une première, car le profit a trahi les lois de la physique, dont le respect aurait optimisé la consommation énergétique. Ce qui explique la non rationalité de l’émergence économique des différentes ressources énergétiques en fonction de leur rentabilité. Le «tout électrique», imposé pour justifier le maximum de centrales nucléaires ne correspond pas aux minima qui peuvent être obtenus en: (liste non exhaustive)

 3.1/ diversifiant localement les sources et les consommations énergétiques utilisant la chaleur perdue des centrales électriques en cogénération et/ou en trigénération comme dans les incinérateurs. En France, cette chaleur perdue (cf le second principe de la thermodynamique) représente l’équivalent de 0,2%de la contribution à l'effet de serre. Cette récupération de la chaleur perdue dans la production d’électricité est un corollaire de la politique d’économie d’énergie dans les habitats (30% de la consommation globale d’énergie).
 3.2/ récupérant les énergies renouvelables : le solaire (chaleur et électricité), les éoliens  terrestre et marin, l’hydroélectrique (rivières et mer), différents process de valorisation de la biomasse (bois, méthane, déchets, etc.) flux et gradients thermiques marins etc.
 3.3/ modifiant les mobilités intra et inter urbaines, et en recentrant l’aménagement des villes pour rapprocher habitat, emploi, loisirs et magasins : un immense chantier pour assurer le plein habitat. Le déficit du commerce extérieur correspond aux achats des produits pétroliers.
 3.4/ recyclant les matériaux lourds ou/et couteux énergétiquement comme l’acier, l’aluminium, les aciers spéciaux.

4/ Pour s’attaquer aux différentes addictions et assurer les conditions du bien être individuel, l’état doit systématiquement contrôler la production, la gestion et la consommation des drogues. La légalisation ne prend son sens que si la production est contrôlée voir assurée par l’état, et n’enrichit pas un pouvoir mafieux.

5/ Pour répondre aux aspirations populaires, il est nécessaire d’ajouter et de créer de nouvelles gouvernances ou/et de nouvelles participations aux gouvernances existantes (ex salariés représentés dans les conseils d’administration). Les individus doivent pouvoir exprimer leurs demandes spécifiques. Les dictatures technico-financières, et technico-administratives créent une offre qui impose des besoins nouveaux dont la justification est le profit et non le bien être individuel. Ces dictatures sociétales doivent être combattues et éradiquées. La monopolisation des semences, par une directive de Bruxelles illustre ce type de dictature.

6/ La nationalisation totale des systèmes financiers ou/et l’extension des systèmes mutualistes constituent un élément décisif du changement face au fiasco de la finance ultalibérale et au cynisme de leurs dirigeants qui se sont attribués une partie des fonds des états donnés pour leur éviter les dépôts de bilan. L’utilisation des finances publiques ne peut se prolonger sans au minimum un partage et un contrôle absolu de leur usage du pouvoir financier. Il faut entendre les ultra-libéraux concéder une nationalisation partielle et temporelle, pour justifier l’aide des états. La limitation des revenus des dirigeants à vingt fois celui des plus bas salaires est une condition de stabilité sociétale (public et privé). Le mythe de la rareté des dirigeants susceptibles d’exercer la fonction de PDG des grands groupes s’évanouit si on considère les armadas de dirigeants des grands groupes internationaux. Les meilleurs résultats n’ont pas toujours été obtenus par les mieux payés. Ceux-ci n’ont pas toujours évité les échecs. La méritocratie exceptionnelle invoquée pour des rémunérations annuelles de millions d’euros est une injure à tous les salariés qui effectuent avec efficacité leur travail, certains d’entre eux devant se contenter d’un salaire au niveau du SMIC, durant toute leur vie professionnelle !

7/ Le paiement des dettes des états doit être modulé des facteurs suivants :
1-   les vielles dettes ont été en partie, voire en totalité remboursées par les intérêts payés pendant plusieurs décennies (comme des prêts revolving bloqués !)
2-   un étalement des remboursements en fonction du temps à des taux raisonnables (donc renégociés) tenant compte des capacités réelles de celui-ci
3-   compatibilité avec une politique de maintien, voire de réévaluation régulière des salaires et des retraites.

8/ La moralisation de la vie politique est devenue une nécessité incontournable ; la séparation de la vie politique et du monde de l’argent est devenue une nécessité également  incontournable ; la séparation de la vie politique et du monde de l’argent est devenue une nécessité pour la dignité de tous. La moralisation de la vie citoyenne en est l corollaire. La nationalité française, et les incontestables avantages qu’elle procure implique la solidarité fiscale. Quand l’addiction à l’argent l’emporte sur l’adhésion à la communauté nationale, la perte de cette nationalité et des avantages qui lui sont associés, au moins à titre provisoire s’impose.

9/ Le développement soutenable ne peut se réaliser au niveau international en poursuivant la méthode qui privilégie la recherche d’un consensus intentionnel au détriment d’engagements précis localisés, programmés, financés et bénéficiant d’un contrôle indépendant.
Rio 1992, Rio 2012, Rio moins vingt suivant l’appréciation d’organisation de jeunes, Rio 2012 un nouveau Münich,  suivant l’appréciation d’un professeur de Science Po Paris sonnent le glas d’une politique onusienne, où les consensus ont maintenu les stratégies des lobbys industriels et financiers. Les facteurs limitants des deux Grenelle de l’environnement illustrent la perversité de ces consensus mous. Les agriculteurs continueront à faire les frais sanitaires des compromis sur les pesticides, et autres produits phytosanitaires, les poissons à disparaître.
Au contraire de cette pratique désastreuse pour l’environnement, en absence de croissance sélective, le développement soutenable doit d’appuyer sur des engagements réunissant des partenaires et concernant les quatre composantes économie – finance, social – sociétal, environnement - culture  et gouvernance.
Croissance et investissement doivent être sélectionnés : multiplier à l’infini les autoroutes, bétonner les rivages ne correspond pas à un développement soutenable, maitriser les inondations, dépolluer les fleuves, nettoyer les estuaires, dépolluer le milieu marin, démonter les centrales nucléaires obsolètes constituent des grands travaux durables et non délocalisables. Le développement soutenable ne se réduit pas à sa composante environnementale. Néanmoins le changement de société implique d’anticiper les évolutions climatiques et la sixième extinction des espèces.
La prise en compte de l’environnement implique et suppose un autre type d’économie respectueux du bien être individuel et donnant priorité dans une période transitoire à la prise en compte des besoins essentiels des plus démunis. Le « green washing », l’économie verte ont fait long feu.
10/ La disparition des niches fiscales à finalités individuelles : celles-ci constituent une rupture avec le principe constitutionnel suivant lequel chacun doit contribuer en fonction de ses ressources. Ce qui implique les mêmes grilles d’impôts sur les différents revenus, du capital, du patrimoine et du travail.

En conclusion

Cette série de « dix commandements » pourra paraître radicale. Elle l’est en effet et se justifie par la mondialisation qui offre de fantastiques potentialités mais dont l’utilisation frauduleuse et inégalitaire crée les pires déséquilibres économiques, financiers, sociétaux et environnementaux.
Il est illusoire à notre point de vue de croire que la social-démocratie sera capable de réaliser totalement cette série d’objectifs, dont  ces dirigeants sont certainement conscients, du moins si on en croit certains d’entre eux (cf Michel Rocard, et les 32 heures, Michel Baylet et la légalisation des drogues etc.)
Mais la social démocratie actuellement au pouvoir est capable de marquer un coup d’arrêt à la crise généralisée qui s’annonce, notamment en maintenant à la tête de l’état des valeurs et des actes de justice sociale.
Sur certains objectifs, la sociale démocratie va conscientiser le peuple, sur d’autres faire des avancées, et parfois des parfois des avancées décisives.
La « soft politics » a au moins le mérite de distinguer les progrès partiels possibles immédiatement  des besoins globaux des populations.

Non malgré Rio 2012, le développement soutenable n’est pas mort. Il demeure la raison de nos combats.

Définition du développement durable par le rapport Brundtland (1987)

Le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.
Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de "besoin", et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d'accorder la plus grande priorité, et l'idée des limitations que l'état de nos techniques et de notre organisation sociale imposent sur la capacité de l'environnement à répondre aux besoins actuels et à venir.

RIO 2012 un nouveau MUNICH (30 septembre 1938)

Quelques explications pour comprendre cette référence attribuer au fiasco de RIO 2012 . 

Pour les générations ayant eu 20 ans avant 1981 Munich 1938 concerne l’événement où un premier ministre britannique, et un président du conseil français ont livré à Hitler, en présence de Mussolini, la possibilité d’envahir sans risque, la jeune république tchécoslovaque. L’occupation partielle des régions montagneuses par les SS (Allemands) neutralisait les fortifications constituées pour rendre impossible l’envahissement de la Tchécoslovaquie.
Envahissement que Hitler réalise quelques mois plus tard, et quelques mois avant d’envahir la Pologne. Ce qui amena l’Angleterre et la France à tenir trop tard leurs engagements en déclarant la guerre à l’Allemagne.
L’histoire a jugé d’une manière quasi unanime la lâcheté et la pusillanimité des deux dirigeants anglais et français.
Ceux-ci, au retour sur Paris et sur Londres craignaient d’être lynchés par la foule qui les attendait aux aéroports. Divine surprise, au lieu des tomates attendues, une foule reçoit au Bourget le président du conseil sous les vivats. Il a sauvé la paix, et évité la guerre  que l’opinion pacifiste voulait éviter à n’importe quel prix.
Si Munich 1938 est une date historique, deux autres drames sont associés à Munich. Le massacre des sportifs israéliens aux jeux olympiques, et la prise des ministres de l’OPEP comme otages par des terroristes dirigé par un certain CARLOS. Celui-ci termine sa vie dans une prison française. Sans compter un coup d’état raté en 1920 Hitler fut incarcéré et eut le temps d’écrire mein kampf. A part ces souvenirs lourds de conséquences néfastes, Munich reconstruite est une merveilleuse capitale de la Bavière.

                                                                                    Jacques Vigneron